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Mon cher Giovanni,
Que doit tu penser de moi de n’avoir pas reçu de mes nouvelles ? En parcourant ma lettre tu comprendras les moments pénibles que j’ai traversés.
Quelle fut ma surprise trouver mon Silvio à l’aéroport ! dans un état indescriptible, le voyant ainsi j’ai immédiatement compris qu’il s’agissait d’une triste
nouvelle. Je ne puis décrire mon cher Giovanni combien la traversée de l’aéroport à l’hôtel me paru longue, je ne savais dans quel état j’aurai trouvé ma Béboula[1] ! Figure toi la joie me voyant
arrivée, pendant toute sa maladie, et surtout pendant la forte crise elle ne faisait que m’appeler et disait qu’elle ne voulait pas mourir avant de me revoir et m’embrasser !
Pauvre petite ! Elle a tout souffert ! Dieu m’aime beaucoup pour m’avoir épargné une si grande douleur. Que serais-je devenue si je ne reverrais plus mon enfant ?
Je tremble à l’idée d’y penser. Les chefs de Silvio se sont beaucoup intéressés et se sont eux qui ont télégraphié au Ministère pour me faire partir le plus vite possible ayant mon
unique enfant gravement malade. Je laisse à toi de comprendre l’état de Silvio et de sa sœur qui n’ont pas eu un moment de repos, et une agonie depuis le jour de mon départ car la petite
s’est alitée le jour même que je suis partie. Elle a eu la typhoïde et bien ; au moment où je t’écris elle est en convalescence, sans fièvre, elle prends quelque mets léger. Je fais
tout mon possible pour la fortifier, elle a énormément grandit et maigrie. Les professeurs qui l’ont visitée ont ordonné beaucoup de repos, pas d’étude et surtout une forte nourriture, avec
les difficultés actuelles n’en parlons pas. Les prix ici ont augmentés du triple depuis mon départ, le beurre frais 80.000 dr l’oke. Figure toi le reste. Heureusement que tout a été
pour le mieux.
Que fait Maria ? J’ai tant regretté de ne l’avoir pas vue ! Excuse moi au près de Gabriella de ne pas lui avoir écrit encore ; à peine un peu
de temps libre je le lui consacrerai. Mes meilleurs baisés à Giuliana et aux petits poupons. Mon affectueux souvenir à M.me Borgato et Armando. Dans l’anxieuse attente d’une longue lettre,
Silvio et Béboula s’unissent à moi pour t’envoyer leur affectueux bonjour. Très cordialement.
Dora ( ? in Zitelli)
[1] ) Béboula= Emma, la figlia.
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